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Abstract

Le quartier sous-gare a connu un développement rapide depuis la fin du 19ᵉ siècle, causé notamment par le développement des transports publics (ligne de tram, trafic en gare de Lausanne) et le développement d’une société locative (voir type du plot lausannois) Cela a permis le développement des loisirs pour une classe moyenne supérieure, avec un accès facilité au lac.

Ce projet vise à décrire et expliquer ce développement à l'aide d'informations d'époque et d'outils numériques.

Carte interactive

Cet outil permet de visualiser la distribution de la population répertoriée dans les annuaires vaudois de 1923 et 1951. Un filtrage par rue et métiers/catégories de métiers est également disponible.

Analyse

Plot Lausannois

Un plot (ou villa urbaine) est un immeuble d’habitation haut de trois à cinq niveaux, implanté en ordre non contigu ou orienté sur quatre côtés, comportant un ou deux logements par étage réunis autour d’une cage d’escalier collective et favorisant, par l’ensemble de ses dispositifs architecturaux, le sentiment d’individualité.

Bibliographie

Sources

Sources utilisées
Figure 1: Sources utilisées

Méthodologie et traitement des données

Les annuaires vaudois numérisés, fournis par la Bibliothèque Cantonale Universitaire de Lausanne, ont d’abord été passés par un programme de reconnaissance optique de caractères. Puis, une annotation semi-automatisée, effectuée à l’aide d’Inception, nous a permis de formater les données brutes en tableaux. Chaque information a été catégorisée selon son type :

Un premier filtrage n’a conservé que les personnes habitant dans une des 54 rues considérées. Ensuite, à cause des problèmes de numérisation, d’OCR, et d’incohérences dans la nomenclature des rues et des métiers, nous avons dû manuellement créer 203 et 208 « métiers-types », respectivement pour 1923 et 1951, afin d’obtenir des catégories comparables. Exemples de métiers-types : La liste complète des métiers-types est trouvable sur le dépôt Git, en-haut de la page. Enfin, nous avons regroupé ces métiers-types en 23 « macro-catégories » que voici : Ces macro-catégories présentent quelques chevauchement, et certaines sont des sous-ensembles. Par exemple, la catégorie « CFF » est un sous-ensemble de « Transports ».

Résultat du traitement de données

Pour 1923, nous avons traité 2824 entrées, pour 1826 personnes avec métiers identifiés (64.6%). Pour 1951, nous avons 6526 entrées, pour 4201 personnes avec métiers identifiés (64.3%). La précision similaire de ces deux analyses semble toutefois être une coïncidence.

Construction de la carte

Le plan de Lausanne de 1937, fourni par le guichet géographique de la ville a été réaligné sur la carte actuelle, puis s’est vu adjoindre des références numériques aux rues et aux numéros de rue. Ce processus nous a permis d’obtenir une carte d’apparence historique, sur laquelle il est possible de localiser exactement n’importe quelle adresse, comme vous avez pu le découvrir ci-dessus.

Résultats

Deux zones densément peuplées sont visibles: La zone vers Edouard Dapples - Rond-point et le croisement vers l'Avenue de Cour et de la Harpe. En regardant les données de 1951, nous voyons que la zone urbanisée s'est étendue plutôt vers l'ouest. Le Petit-Ouchy (Est) est peu peuplé et est encore composé principalement de domaines privés et publics (actuels Parc du Denatou, Olympique, Élysée), alors que la campagne de Bellerive (Ouest) acquise par la Commune de Lausanne en 1921 s'est développé avec la plage puis des bains publics en 1937, puis une plus grande offre de divertissements et une urbanisation.

On constate aussi ces zones sur la carte suivante qui offre un aperçu de la construction des plots entre 1923 et 1951 :

Evolution des métiers entre 1923 et 1951
Figure 2: vert - plots construits avant 1923 - rouge - plots construits avant 1954 mais après 1923

Urbanisation de la Campagne des Cèdres

L’État de Vaud a acquis une partie du domaine et des maisons en 1942 pour y transférer l’école d’ingénieurs (désormais occupés par la HEP). En 1953, les anciennes maisons individuelles ont été démolies pour construire le siège de la Mutuelle Vaudoise (actuelle Vaudoise Assurances).

Curiosités

Évolution démographique

La population totale de Lausanne a crû de 68 500 habitants en 1920, à 107 000 habitants en 1950 (+55%). La population (active)du quartier sous-gare (mesuré à l'aide des entrées dans les annuaires) à quant à elle crû de 2582 habitants en 1923 à 5658 habitants en 1953 (+120%). Le quartier-sous gare a donc crû plus rapidement que Lausanne dans son ensemble. Le centre de gravité de la ville se déplace vers le Sud, avec l'axe gare - Ouchy comme colonne vertébrale.

Évolution urbaine

Avec l'extension de la ville, plusieurs nouvelles rues apparaissent :

Évolution des métiers

Evolution des métiers entre 1923 et 1951
Figure 3 : Évolution des métiers entre 1923 et 1951

Comme visible sur la Figure 3, la distribution des métiers selon les macroclasses est remarquablement constante. Néanmoins, nous voyons quand même certains variations notables:

Nous remarquons aussi que les descriptions des métiers sont plus précises et diverses. (e.g. commis devient employé de commerce). La disparition de "ménagère" est intéressante mais difficile à expliquer.

Certains métiers disparaissent (cocher, tramway) alors que d'autres apparaissent (téléphoniste). Grâce au développement du train, la macro-catégorie CFF triple de taille (98 -> 317).

Ouvertures

À notre surprise, la zone étudiée fait preuve d’une assez grande hétérogénéité dans les métiers, éducation et secteurs économiques représentés. Le Consul Honoraire d’Italie habite dans une immeuble de 15 personnes exerçant des métiers d’artisanat ou de service.

Cette diversité est présente partout dans la zone d’étude. Ceci dit, on notera l’absence des élites et détenteurs du pouvoir, ainsi que des classes défavorisées. Ce manquement est en partie dû au biais implicite des annuaires ; certaines personnes sont plus représentées que d’autres, de par leur métier ou leur classe sociale, et il ne peut se substituer à un véritable recensement.

À cette note, il pourrait être intéressant de comparer ce quartier nouveau, ainsi que son évolution, à celle du centre-ville de Lausanne, secteur de la Cathédrale, siège historique du pouvoir.

Une autre observation effectuée, somme toute assez évidente, est l’apparition progressive de numéros de téléphone dans l’annuaire. Ils sont rares en 1923, mais ils se démocratisent déjà en 1951.

Il serait intéressant d’étudier la pénétration du téléphone dans les foyers et entreprises Lausannois dans cette période, ainsi que d’identifier les premiers détenteurs d’un poste de téléphone. S’agit-il de personnes fortunées, ou de corps de métier spécifiques ?

En conclusion

La zone au sud de la gare, particulièrement à l’Ouest du parc de Milan, passe de campagne et lieux de villégiature pour bourgeois à un véritable quartier urbanisé.  La majorité des corps de métier y est représentée, l’industrie et les services s’y développent. Les rives du Lac sont désormais plus accessibles, et le Léman commence à devenir partie intégrante de Lausanne, comme on le connait aujourd'hui.